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The Rumba Kings : le film en première mondiale au festival Doxa par Vladimir Cagnolari

The Rumba Kings : le film en première mondiale au festival Doxa

Dr. Nico (au premier plan) et l’African Fiesta Sukisa

The Rumba Kings : le film en première mondiale au festival Doxa

Deux ans après vous en avoir parlé dans les colonnes de PAM, le film The Rumba Kings — consacré à l’âge d’or de la rumba congolaise — sort enfin au grand jour. Le festival DOXA de Vancouver — en ligne cette année — l’a sélectionné et le diffusera le 6 mai prochain. 

The Rumba Kings, film documentaire signé Alan Brain qui retrace l’histoire de la rumba congolaise et sa contribution à la musique mondiale, est enfin de sortie. Ce sont les spectateurs d’Amérique du Nord qui pourront le voir les premiers, lors de sa diffusion en ligne dans le cadre du festival DOXA de Vancouver. Ce sera le 6 mai : un rendez-vous à ne pas manquer. Car ce long métrage de près d’une heure trente est certainement celui que tous les amoureux de musique attendaient depuis longtemps.

D’abord, parce qu’il rend hommage et justice à ce son original, né des retrouvailles entre les rythmes du Congo et ce de Cuba, après que la traite eut éparpillé les enfants d’Afrique sur les terres d’Amérique, et que leur son (cha-cha, montuno, bolero etc…) soit revenu vers l’Afrique, comme une lettre adressée à une mère restée au pays. Le film du réalisateur péruvien Alan Brain, qui a travaillé plusieurs années durant pour l’ONU à Kinshasa, remonte le cours de cette histoire et prend le soin de nous replonger dans les années cruciales qui ont précédé l’accession du pays à l’indépendance congolaise. Car c’est en deux décennies cruciales, entre les années 40 et 60, que Léopoldville -mais aussi Brazza- vont accoucher de la musique qui fera danser toute l’Afrique. Ainsi les débuts de la rumba s’éclairent à grand renforts d’archives qui montrent les marchés, les ngandas, les dandys photographiés par De Para, ou encore les attroupements au carrefour pour écouter la radio.

The Rumba Kings – Trailer

Et si la rumba, porteuse de vie, d’enthousiasme et d’espoirs, n’était que la bande son de la résistance à la colonisation qui, au Congo belge peut-être encore plus qu’ailleurs, avait repris les habits de l’esclavage ? Mieux que la bande son de la résistance, la rumba congolaise est elle-même résistance. C’est là l’un des partis pris de ce film qui a l’immense mérite de raconter cette histoire de façon savante et populaire, en faisant témoigner, et c’est ce qui lui donne toute sa valeur, les survivants de l’âge d’or du genre, en remontant jusqu’aux années cinquante. On y voit avec émotion Brazzos et Petit Pierre, qui furent des débuts de l’orchestre OK jazz mais aussi les seuls rescapés de l’aventure African Jazz à Bruxelles où naquit l’indépendance cha-cha (Brazzos est depuis décédé), Simaro Lutumba le poète et bras droit de Franco, Guvano le pilier de l’African Fiesta National, Papa WembaManu Dibango…  la moitié de ces immenses témoins nous a quitté aujourd’hui. Mais tous figurent dans ce film choral et le lestent du poids de leur expérience, et de leur sincérité.

Roitelet, un des doyens qui fut à la fondation de l’OK jazz en 1956 ©The Rumba Kings
Kuka Mathieu dans sa cour à Kinshasa. ©The Rumba Kings

Et côté sincérité et émotion, le film est généreux. Car on y retrouve quelques vétérans, comme Kuka Mathieu (un des anciens de l’African Jazz et de l’orchestre Vox Africa- chanter avec tout leur cœur et une voix miraculeusement intacte de vieux airs d’autrefois dans le Kinshasa d’aujourd’hui. Côté sincérité toujours, on le sent bien, le réalisateur Alan Brain est véritablement tombé amoureux de la rumba, et du Congo (mais peut-on aimer l’une sans l’autre, et vice-versa ?) Il en fallait de la patience pour retrouver toutes ces archives éparpillées, disparues… et leur redonner vie. Dans The Rumba Kings, vous verrez des archives inédites de Nico Kasanda alias « Dr. Nico » lancé dans un solo endiablé, mais aussi Franco et son art de l’impro (musicale et verbale) ou encore l’âge classique de la rumba avec le Grand Kallé, qui en fut le premier patron. Les fans de Rochereau resteront quant à eux un peu sur leur faim, mais la sortie d’un tel film mérite que les querelles de chapelle s’éteignent pour que rayonne, tout simplement, la grandeur de la rumba. Et c’est précisément ce que ce film parvient à faire. Pam lui souhaite longue vie.

Si vous habitez au Canada (ou avec une adresse IP canadienne), vous pourrez voir le film en achetant votre ticket (virtuel). Sinon, tenez-vous au courant des actualités du film.

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